Un message pour vous #11

Si vous avez atterri sur cette page, ce n’est pas par hasard… Elle contient un message pour vous ! Revenez Lundi prochain pour en découvrir un autre 😉

Message#11

 « En qui ou en quoi trouvez-vous votre bonheur ? Quelle que soit la réponse, c’est là qu’est votre prison. […] Quand on apprécie le parfum de mille fleurs, on ne souffrira pas de l’absence d’une seule fleur. […] Là où se trouve le chagrin, il n’y a pas d’amour. »

Message#11

Vous ne pouvez pas acquérir le bonheur : vous l’avez déjà

Les gens demandent : « Que dois-je faire pour être heureux ? » Il n’y a rien à faire pour être heureux, voyons ! Cette question montre combien votre éducation religieuse a été mauvaise. Il n’y a rien à faire pour être heureux. Le bonheur ne peut être acquis. Savez-vous pourquoi ? Parce que vous le possédez déjà, vous le possédez en cet instant même. Mais vous passez votre temps à le bloquer avec des bêtises. Vous lui faites obstacle. Arrêtez de le bloquer et vous l’aurez à votre disposition. Si je pouvais vous montrer comment vous libérer de vos conflits, vos angoisses, vos tensions, votre vide, votre solitude, votre désespoir, votre dépression, votre chagrin, si vous réussissiez à vous débarrasser de tout cela, que vous resterait-il ? Un bonheur pur, sans mélange. Voilà ce que vous trouveriez.

Les Chinois ont une très belle manière d’exprimer cela : « Quand l’œil n’est pas obstrué, disent-ils, il en résulte la vue. » Vous n’avez rien à faire pour obtenir la vue. Quand l’œil n’est pas obstrué, il en résulte la vue. Quand l’oreille n’est pas obstruée, il en résulte l’ouïe. Quand la bouche n’est pas obstruée, il en résulte le goût. Quand l’esprit n’est pas obstrué, il en résulte la vérité. Et quand le cœur n’est pas obstrué, il en résulte la joie et l’amour. Tout est là, en vous, mais c’est obstrué. Laissez tomber ces obstacles !

Voici donc la deuxième étape importante : prendre conscience que vous ne voulez pas vous en sortir. Vous voulez le confort, vous tenez à vos petites possessions, vous voulez les mille choses dont la société vous a persuadé à tort de croire qu’elles étaient essentielles au bonheur. C’est cela que vous voulez. En revanche, vous ne souhaitez pas vous libérer du désastre qu’est votre vie. En fait, ce sont toutes ces choses-là qui sont à l’origine du désastre.

Je vais vous donner de quoi alimenter votre réflexion. Vous est-il arrivé de penser que ce que vous appelez votre bonheur est en réalité votre boulet ? Par exemple, y a-t-il une personne que vous considérez comme source de votre bonheur, à qui vous dites par exemple : « Tu es ma joie » ? Ce peut également être votre mariage, votre entreprise, votre diplôme ou toute autre chose. En qui ou en quoi trouvez-vous votre bonheur ? Quelle que soit la réponse, c’est là qu’est votre prison.

Oh, c’est difficile à entendre, je sais, mais réfléchissez à ces paroles : Coupez, grattez, faites fondre…

Vous avez été programmé avec des idées fausses

Voici le troisième point : votre vie est un désastre parce que vos idées sont erronées et non parce que quelque chose ne va pas chez vous. Vous êtes très bien, je suis très bien, nous sommes tous très bien. Nous sommes parfaitement bien, il n’y a rien qui cloche chez nous. Par contre, on nous a farci la tête d’idées fausses. Peu importe qui, ne perdons pas de temps à essayer de désigner le coupable. Ce qui est sûr, c’est que nos idées sont erronées.

Vous savez que si on vous offre une chaîne hi-fi, on vous donnera en même temps un manuel d’instruction. Eh bien, quand on nous a offert la vie, personne ne nous a donné le manuel correspondant. Nous pourrions aussi dire qu’on nous a donné un manuel mais que les instructions étaient toutes fausses. Alors, au lieu d’entendre de la musique, nous entendons des sons grinçants. Et nous sommes contrariés, nous avons des conflits, nous nous sentons seuls, nous éprouvons un vide. […]

Le désir est à la racine de la souffrance

Alors que pouvons-nous faire ?

Il y a plusieurs manières de formuler la réponse. Je vous propose la plus simple que j’aie trouvée. Je vais vous la donner dans les termes utilisés par le Bouddha. Pourquoi ai-je choisi cette formulation ? Parce que le Bouddha l’expose de la plus simple des manières. En réalité, on peut retrouver cette formule partout mais elle est énoncée ici avec une clarté extrême. Vous ne serez probablement pas d’accord mais vous ne pourrez pas passer à côté de son sens.

La voici : « Le monde est empli de souffrance. La racine de la souffrance est le désir. Pour déraciner la souffrance, il faut qu’il y ait absence de désir. » J’imagine déjà l’expression de votre visage ! Vous vous dites : « C’est fantastique, c’est fantastique ! » puis vous réfléchissez et vous pensez : « Mais non, pas du tout. C’est affreux ! »

Ha ha ha ! N’est-ce pas merveilleux ? Je sais très bien comment moi je réagissais à ces mots : « Le monde est empli de souffrance. » Parfait, je suis tout à fait d’accord avec cela. « La racine de la souffrance est le désir. » Bon, je veux bien. Et maintenant, qu’allez-vous conclure ? « Pour déraciner la souffrance, il faut qu’il y ait absence de désir. » Qu’est-ce que cela signifie ? Dois-je devenir un légume ? Comment fait-on pour vivre sans désir ?

Laissez-moi vous proposer une meilleure traduction. Je ne pense pas que le Bouddha ait été assez fou ou assez bête pour dire que nous ne devrions avoir aucun désir. Enfin, tout de même, je ne serais pas en train de parler si je n’en avais pas le désir. Vous ne seriez pas ici si vous n’aviez pas eu le désir de venir m’écouter. Cherchons donc une meilleure traduction : « Le monde est empli de souffrance. La racine de la souffrance est l’attachement. Pour déraciner la souffrance, il faut déraciner, abandonner les attachements. »

Vous savez, il y a des désirs dont notre bonheur ne dépend pas s’ils ne sont pas réalisés. En fait, on a de nombreux désirs dont notre bonheur ne dépend pas s’ils ne sont pas réalisés, sinon on deviendrait fou, on serait à bout de nerfs. Nous avons tous deux types de désirs – nous désirons tellement de choses ! Certains nous apportent beaucoup de joie quand ils se réalisent, mais si ce n’est pas le cas, tant pis, nous l’acceptons et ne sommes pas malheureux pour autant. Mais nous avons d’autres désirs qui, s’ils ne se réalisent pas, vont nous rendre très malheureux. Voilà ce que je veux dire par attachement.

D’où croyez-vous que viennent tous les conflits ? De l’attachement ! D’où croyez-vous que vienne l’avidité ? De l’attachement ! D’où croyez-vous que vienne la solitude ? De l’attachement ! D’où croyez-vous que vienne le sentiment de vide ? Vous l’avez compris, de la même cause. D’où croyez-vous que viennent les peurs ? De l’attachement ! Quand il n’y a pas d’attachement, il n’y a pas de peur. Avez-vous déjà pensé à cela ? Ne pas avoir d’attachement signifie ne pas avoir de peur.

« Je vais vous tuer.

– Allez-y ! Pas d’attachement à la vie : heureux de vivre, heureux de lâcher prise. »

Pensez-vous que ce soit possible ? Je vais vous dire quelque chose : il y a des gens qui sont arrivés à ce stade, donc c’est possible. Voulez-vous y parvenir vous aussi ? Non ? Ah, l’attachement !

« Désolé, monsieur. Vous avez le sida. Il ne vous reste que six mois à vivre.

– Six mois ? Mais c’est beaucoup de temps pour vivre, c’est merveilleux ! »

Voilà le bonheur. Cet homme n’a pas d’attachement.

Un autre exemple. Vous entrez dans un restaurant avec des amis, décidé à commander une soupe.
« Quelles sortes de soupes avez-vous ? Avez-vous de la soupe de tomate ?
– Non, monsieur. Je suis désolé.
– Pas de soupe de tomate ? Mais enfin, c’est inimaginable ! Comment un restaurant digne de ce nom peut-il ne pas servir de soupe de tomate ? Partons, mes amis. Nous irons manger ailleurs. » Vous voyez : si vous ne pouvez pas obtenir votre soupe de tomate, vous ne pouvez pas manger – c’est de l’attachement.
À présent, voici ce qui se passe quand il n’y a pas d’attachement :
« Quelles sortes de soupes avez-vous ? Avez-vous de la soupe de tomate ?
– Non, monsieur.
– Bon, alors quelles soupes avez-vous ?
– Soupe de maïs, soupe aux champignons, bouillon de poulet…

– C’est très bien. Je les aime toutes. Si vous nous serviez de la soupe aux champignons ? »

Avant de reprendre la phrase du Bouddha, je vais prendre un autre petit exemple. On dit que quand on apprécie le parfum de mille fleurs, on ne souffrira pas de l’absence d’une seule fleur. Ce n’est pas une chose que votre culture vous a apprise, n’est-ce pas ? On ne me l’a pas apprise non plus, en Inde. Mais quand on apprécie la saveur de mille plats, on ne souffrira pas trop de l’absence d’un seul. Vous souvenez-vous d’avoir été éduqué à apprécier mille plats, de sorte que rien ne puisse vous contrarier ? Non ? Vous voyez, c’est une lacune dans notre éducation.

Voilà ce que les représentants de votre culture et de la mienne nous ont inculqué : le manuel qu’ils nous ont donné ne fournissait pas les bonnes instructions. Ils se moquaient bien de savoir si vous et moi serions heureux ou pas. Tout ce qu’ils voulaient, c’est que nous réussissions, que nous produisions, quitte à ce que cela fasse de nous de pauvres esclaves malheureux.

« Quel est le problème ? Cet ami t’a tourné le dos mais tu en as d’autres.

– Non, les autres sont différents. Je veux cet ami unique, personnel, irremplaçable. S’il me rejette, je serai malheureux pour le restant de mes jours. »

Eh bien, bonne chance et adieu. Je ne vais pas apprendre à chanter à ce cochon-là. C’est trop dangereux.

Mais c’est ainsi que nous avons été élevés ; c’est ainsi depuis des milliers d’années. Nous nous sentons obligés de faire dépendre notre bonheur de la réalisation de certains de nos désirs. C’est très bien pour le soi-disant progrès de la société, parce que nous allons tout miser sur tout ce que nous entreprenons. Je parle d’un « soi-disant progrès » parce que, selon moi, il ne s’agit pas du tout d’un progrès – pas du tout.

« Que voulez-vous dire ? Les jumbo-jets et les navettes spatiales ne sont-ils pas un progrès ?
– Ce sont des réalisations très ingénieuses, je vous l’accorde, mais je vais vous dire ce qu’est le progrès : c’est le progrès du cœur, le progrès de l’amour, le progrès du bonheur. Vous comprenez ?

– Oh, désolé, nous ne fournissons pas cela. »

Eh bien, vous pouvez garder le reste, dans ce cas – à quoi cela sert-il ? Dites-moi : à quoi sert de se déplacer en avion si votre cœur est triste et vide ? Je préfère de beaucoup vivre sur la terre, dans la jungle, à être merveilleusement heureux et danser toute la journée. Pas vous ? Peut-être pas, je n’en sais rien.

L’attachement est l’ennemi de l’amour

Vous voyez, vous êtes vraiment face à un choix entre la vie, et la mort et ce que les gens appellent la vie est souvent la mort, même s’ils ne le savent pas. Vous voulez me faire croire que si vous avez des attachements, vous êtes capable d’aimer ? Le plus grand ennemi de l’amour est l’attachement, le désir dans le sens d’attachement. Savez-vous pourquoi ? Parce que quand on désire, on veut posséder, on ne laisse aucune liberté à l’autre, on veut l’avoir pour soi. Si on désire quelqu’un ainsi, on n’hésite pas à le manipuler pour l’obtenir. On va se manipuler soi-même pour pouvoir embobeliner l’autre jusqu’à ce qu’il se laisse conquérir.

Vous me suivez ? Est-ce assez clair ? Il n’y a pas de peur dans l’amour parfait. Savez-vous pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de désir.

Posez la question à votre culture comme je l’ai fait à la mienne. Demandez à votre culture si la phrase suivante signifie quelque chose : « Là où est l’amour, il n’y a pas de désir. » Nous parlons du désir dans le sens d’attachement, n’est-ce pas ? Savez-vous ce que l’on vous répondra ? « Mais l’attachement, c’est l’amour ! » Voilà à quel point les gens sont bêtes. Est-ce là que vous espérez trouver la vie ? Vous ne trouverez que la mort et le malheur.

C’est quelque chose de tellement simple, tellement sublime, tellement extraordinaire ! Je rencontre toutes sortes de gens, des personnes croyantes et d’autres qui ne le sont pas, des athées, des catholiques, des prêtres, des religieuses, des évêques, des laïcs, mais je rencontre rarement quelqu’un qui sache ce qu’est l’amour. Ils ont tous reçu le mauvais manuel !

L’attachement nous fait penser ainsi : « Il faut que je t’aie. » Ce qui signifie : « Sans toi, je ne serai pas heureux. Si je n’arrive pas à te conquérir, je refuse d’être heureux. Il m’est impossible d’être heureux sans toi. » Voilà exactement ce qui précipite les gens vers le divorce, vers les querelles ; voilà la formule idéale pour mettre fin à une amitié. « Je ne peux pas être heureux sans toi. J’ai besoin de toi pour être heureux. Alors, tu peux être sûr que je vais tout faire pour te manipuler et te conquérir. »

L’amour, lui, nous fait penser ainsi : « Je suis parfaitement heureux sans toi, tout va bien. » Ce qui signifie aussi : « Je te souhaite le meilleur et je te laisse libre. Quand je t’ai près de moi, je suis ravi, mais quand ce n’est pas le cas, je ne suis pas malheureux. » Qu’est-ce que cela veut dire ? Que j’ai appris à être autonome. Je suis bien stable sur mes deux jambes, je n’ai pas besoin de m’appuyer sur l’autre. Il en va de même pour l’argent : si j’en ai, c’est merveilleux, mais si je n’en ai pas, je ne me laisse pas abattre, je suis heureux. Voulez-vous savoir autre chose ? C’est peut-être encore un peu tôt pour dire cela, je ne sais pas si vous êtes prêt à l’entendre mais voilà : quand vous partez, vous ne me manquez pas, je ne ressens pas de souffrance. Là où se trouve le chagrin, il n’y a pas d’amour. Dites-moi : quand vous pleurez l’absence de quelqu’un, sur qui pleurez-vous ? Qui a perdu quelqu’un ?… Eh oui, vous vous apitoyez sur votre propre sort.

Extrait de « Redécouvrir la vie » d’Anthony de Mello

© Photo Pixabay

Bonne fin de journée et à lundi prochain !

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