Un message pour vous #9

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Message#9

«  Êtes-vous quelqu’un qui attend généralement ? Quel pourcentage de votre vie passez-vous à attendre ?  […] Ou encore anticiper l’arrivée de quelqu’un, la fin d’une journée de travail… ? […] Espérer les prochaines vacances, un meilleur emploi, le succès, l’argent, le prestige, l’illumination… Attendre que les enfants grandissent et qu’une personne vraiment importante arrive dans votre vie. Il n’est pas rare que des gens passent leur vie à attendre pour commencer à vivre. »

Les stratégies du mental pour éviter le moment présent

Message#9

Perdre le moment présent, c’est l’illusion fondamentale

Même si j’accepte tout à fait que, en définitive, le temps est une illusion, qu’est-ce que ça change dans ma vie ? Je dois tout de même vivre dans un monde complètement dominé par le temps.

Accepter intellectuellement, c’est croire, ni plus ni moins, et cela ne change pas grand-chose à votre vie. Pour actualiser cette vérité, vous devez la vivre. Lorsque chaque cellule de votre corps est tellement présente que vous y sentez vibrer la vie et que, chaque instant, vous la ressentez comme la joie d’Être, on peut dire, alors, que vous êtes libéré du temps.

Mais je dois tout de même payer les prochaines factures, continuer de vieillir et mourir comme tout le monde. Comment pourrais-je jamais prétendre être libéré du temps ?

Les prochaines factures ne sont pas un problème. La disparition du corps physique ne l’est pas non plus. Perdre l’instant présent, voilà le problème, ou plutôt l’illusion fondamentale qui transforme une simple situation, une circonstance ou une émotion en problème personnel et en souffrance. Perdre le moment présent, c’est perdre l’Être.

Être libéré du temps, c’est psychologiquement ne plus avoir besoin du passé pour assumer votre identité ni de l’avenir pour vivre votre plénitude. Vous ne pouvez imaginer transformation plus profonde de la conscience. Dans certains cas rares, ce basculement de la conscience se produit d’une façon spectaculaire, radicale et définitive. Il survient habituellement par un lâcher-prise total et s’accompagne d’une souffrance intense. Mais pour la plupart des gens, c’est là un processus qui exige de la persévérance.

Une fois que vous avez goûté fugitivement à l’état de conscience intemporel, vous commencez un aller-retour entre les dimensions du temps et de la présence. Vous prenez d’abord conscience du fait que votre attention est rarement dans l’instant présent. Et de savoir que vous n’êtes pas présent constitue déjà une grande réussite : cette reconnaissance est, en soi, une forme de présence, même si, initialement, elle ne dure que quelques secondes de temps-horloge avant d’être reperdue. Puis, vous choisissez de plus en plus souvent de focaliser votre conscience sur l’instant présent plutôt que sur le passé ou l’avenir, et chaque fois que vous réaliserez que vous avez perdu de vue le présent, vous saurez y rester, non seulement quelques secondes, mais plus longtemps du point de vue du temps-horloge. Alors, avant d’être fermement ancré dans l’état de présence, c’est-à-dire avant d’être totalement conscient, vous faites des allers-retours répétitifs pendant un certain temps, entre la conscience et l’inconscience, entre la présence et l’identification au mental. Vous perdez de vue le présent et vous y retournez. Puis, la présence finit par devenir votre état prédominant.

La plupart des gens ne connaissent jamais l’état de présence, sinon de façon accidentelle et brève, en de rares occasions, sans le reconnaître pour ce qu’il est. La plupart des humains n’oscillent pas entre la conscience et l’inconscience, mais plutôt entre divers niveaux d’inconscience.

L’inconscience ordinaire et l’inconscience profonde

Qu’entendez-vous par divers niveaux d’inconscience ?

Comme vous le savez sans doute, votre sommeil alterne constamment, par phases, entre le rêve et l’absence de rêve. De même, à l’état de veille, la plupart des gens naviguent entre l’inconscience ordinaire et l’inconscience profonde. Ce que j’appelle l’inconscience ordinaire, c’est l’identification à vos mécanismes de pensée, à vos émotions, à vos réactions, à vos désirs et à vos aversions. C’est l’état normal de la plupart des gens. Dans cet état, vous êtes sous l’emprise du mental, qui est le propre de l’ego, inconscient de l’Être. Ce n’est pas un état de douleur ou de malheur aigu, mais plutôt un état sourd et presque continuel de malaise, d’insatisfaction, d’ennui ou de nervosité. Une sorte de « parasitage » de fond. Vous ne le remarquez peut-être pas tellement il fait partie de la vie « normale », tout comme vous ne distinguez pas un bruit de fond sourd et continu – entre autres celui d’un climatiseur – à moins qu’il ne s’arrête. Lorsque le bruit cesse soudainement, on ressent un soulagement. Beaucoup de gens se servent de l’alcool, des drogues, du sexe, de la nourriture, du travail, de la télévision ou même du shopping comme anesthésiants, essayant ainsi inconsciemment d’éliminer ce malaise de fond. Par cette compensation, une activité qui peut être très agréable si on l’utilise modérément devient une activité compulsive ou de dépendance qui ne soulage que très brièvement des symptômes.

Ce malaise se transforme en souffrance lorsqu’on passe de l’inconscience ordinaire à l’inconscience profonde. En d’autres termes, c’est un état de souffrance et de tourment plus aigu et plus évident. Cela arrive lorsque les choses « tournent mal » dans votre vie, lorsque l’ego est en danger ou confronté à un défi majeur, à une menace ou à une perte, réelle ou imaginaire, ou lorsque vous vivez un conflit relationnel. C’est une version intensifiée de l’inconscience ordinaire qui diffère non par sa nature mais par son degré d’intensité.

Dans l’inconscience ordinaire, résister habituellement à ce qui est, ou le nier, crée le malaise et l’insatisfaction que la plupart des gens acceptent comme faisant partie de la vie normale. Lorsque l’ego se trouve confronté à un défi ou à une menace, cette résistance s’intensifie et finit par occasionner une intense négativité qui se manifeste entre autres par la colère, la peur aiguë, l’hostilité, la dépression, etc. L’inconscience profonde se traduit souvent par une activation du corps de souffrance et une identification à celui-ci. La violence physique n’existerait pas s’il n’y avait pas d’inconscience profonde. Cette violence explose aussi sans retenue chaque fois qu’une foule de gens, ou même un pays entier, engendre un champ d’énergie collective négatif.

Le meilleur indice de votre niveau de conscience, c’est votre façon d’affronter les défis de la vie lorsqu’ils surviennent. Les défis incitent une personne déjà inconsciente à le devenir encore plus et une personne consciente à l’être plus intensément. Un défi peut soit vous aider à vous réveiller, soit vous amener dans un sommeil encore plus profond. Le rêve de l’inconscience ordinaire se transforme alors en cauchemar.

Si vous ne pouvez être présent même dans des circonstances normales, comme lorsque vous êtes assis seul dans une pièce, ou en train de marcher dans la forêt ou, encore, d’écouter quelqu’un, alors vous ne serez certainement pas capable de rester conscient lorsque quelque chose « ira mal », que vous affronterez des gens ou des situations difficiles, que vous perdrez quelque chose ou en serez menacé. Une réaction s’emparera de vous ; en définitive, ce sera toujours une forme de peur qui vous plongera dans une profonde inconscience. Ces défis servent à vous tester. Seule votre manière d’y faire face vous indique, ainsi qu’aux autres, où en est votre niveau de conscience ; c’est un meilleur indicateur que le temps que vous pouvez rester assis à méditer les yeux fermés ou la nature des visions que vous avez.

Il est donc essentiel d’introduire dans votre vie plus de conscience dans des situations ordinaires où tout se passe relativement en douceur. Ainsi, vous intensifierez votre capacité à être présent. Cette présence génère en vous et autour de vous un champ énergétique d’une fréquence vibratoire élevée. Aucune inconscience, négativité, discorde ou violence entrant dans ce champ ne peut y survivre, pas plus que l’obscurité ne peut résister à la lumière.

En apprenant à être le témoin de vos pensées et de vos émotions, ce qui fait essentiellement partie de la capacité à être présent, vous serez peut-être surpris de constater pour la première fois le « parasitage de fond » propre à la conscience ordinaire. Vous serez étonné aussi de noter la rareté des moments – sinon leur totale absence – où vous vous sentez véritablement bien. Dans vos pensées, vous verrez beaucoup de résistance sous forme de jugement, d’insatisfaction et de projections mentales. Celles-ci vous éloigneront toutes du présent. Sur le plan émotionnel, il y aura un courant sous-jacent de malaise, de tension, d’ennui ou de nervosité. Ce sont deux des aspects du mental dans son mode de résistance habituel.

Que cherchent-ils ?

Dans l’un de ses livres, Carl Jung rapporte une conversation qu’il avait eue avec un chef amérindien lui soulignant que, de son point de vue, la plupart des Blancs ont le visage tendu, le regard fixe et un comportement cruel. Ce chef indien disait ceci : « Ils sont toujours en train de chercher quelque chose. Mais quoi ? Les Blancs désirent constamment quelque chose. Ils sont sans cesse troublés et agités. Nous ne savons pas ce qu’ils veulent. Pour nous, ce sont des fous. »

Bien entendu, ce courant sous-jacent de constant malaise a débuté longtemps avant l’avènement de la civilisation industrielle occidentale. Mais dans la civilisation occidentale, qui s’étend à présent sur presque la totalité du globe, y compris la majeure partie de l’Orient, ce malaise se manifeste avec une acuité sans précédent. Il existait déjà à l’époque de Jésus et six cents ans plus tôt, du temps de Bouddha, et bien avant encore. « Pourquoi êtes-vous toujours anxieux ? » demandait Jésus à ses disciples. « Une pensée anxieuse peut-elle ajouter un seul jour à votre vie ? » Et Bouddha enseignait que toute souffrance provient de nos constants besoins maladifs et de nos désirs.

En tant que dysfonctionnement collectif, la résistance au présent est intrinsèquement reliée à notre perte de conscience de l’Être, et c’est elle qui constitue le fondement de notre civilisation industrielle déshumanisée. À propos, Freud a lui aussi reconnu l’existence de ce malaise sous-jacent et en a parlé dans son livre Malaise dans la civilisation, sans toutefois en reconnaître la racine véritable ni réaliser qu’il était possible de s’en libérer. Ce dysfonctionnement collectif a engendré une civilisation très tourmentée et extraordinairement violente qui est devenue une menace non seulement pour elle-même, mais aussi pour toute vie sur la planète.

Comment éliminer l’inconscience ordinaire

Alors, comment pouvons-nous nous libérer de ce tourment ?

Prenez-en conscience. Observez les nombreuses façons dont le malaise, l’insatisfaction et la tension se traduisent chez vous par le jugement inutile, la résistance à ce qui est et la dénégation du présent.

Tout ce qui est inconscient se résorbe lorsque vous envoyez la lumière de la conscience sur tout cela. Quand vous saurez comment faire disparaître l’inconscience ordinaire, la lumière de votre présence brillera plus vivement et il vous sera beaucoup plus facile de faire face à l’inconscience profonde lorsque vous sentirez qu’elle vous happe. Toutefois, l’inconscience ordinaire peut ne pas être facile à détecter au départ, tant elle est normale.

Prenez l’habitude de suivre de près votre état mental et émotionnel en vous observant. Il est bon de vous demander : « Suis-je à l’aise, en ce moment ? » Ou bien : « Qu’est-ce qui se passe en moi en ce moment ? » Soyez au moins aussi intéressé par ce qui se passe en vous que par ce qui se passe à l’extérieur. Si vous saisissez bien l’intérieur, tout ira bien à l’extérieur. La réalité première est à l’intérieur et la réalité secondaire, à l’extérieur. Mais ne vous précipitez pas pour répondre à ces questions. Dirigez votre attention vers l’intérieur. Jetez un coup d’œil en vous. Quel genre de pensées votre mental est-il en train de produire ? Que ressentez-vous ? Tournez votre attention vers le corps. Y a-t-il des tensions ? Une fois que vous avez déterminé qu’il y a effectivement en vous un certain degré de malaise, ce « parasitage de fond », essayez de trouver de quelle manière vous évitez ou niez la vie, ou y résistez. C’est-à-dire comment vous reniez le présent. Les gens utilisent bien des façons de résister au moment présent. Je vais vous en donner quelques exemples. La pratique vous permettra d’aiguiser votre capacité à vous observer, à surveiller votre état intérieur.

Comment se libérer du tourment

Éprouvez-vous de l’aversion à faire ce que vous êtes en train de faire ? Votre travail, peut-être. Ou bien une activité à laquelle vous avez accepté de vous livrer, mais qu’une part de vous n’aime pas et que vous repoussez. Entretenez-vous en silence du ressentiment envers un proche ? Réalisez-vous que l’énergie que vous dégagez ainsi est si nuisible, dans ses effets, que vous êtes en réalité en train de vous polluer vous-même ainsi que ceux qui vous entourent ? Regardez bien en vous. Y-a-t-il la moindre trace de ressentiment, de réticence ? Le cas échéant, examinez tout cela aussi bien sur le plan mental qu’émotionnel. Quelles pensées votre esprit est-il en train de créer au sujet de cette situation ? Puis, remarquez l’émotion, qui est la réaction du corps à ces pensées. Sentez-la bien. Est-elle agréable ou désagréable ? Est-ce une énergie que vous choisiriez vraiment d’abriter en vous ? Avez-vous véritablement le choix ?

Peut-être profite-t-on de vous. L’activité à laquelle vous vous livrez est peut-être vraiment ennuyeuse. Une personne qui vous est proche est peut-être à coup sûr malhonnête, irritante ou inconsciente. Mais tout cela est sans importance. Que vos pensées et vos émotions concernant cette situation soient justifiées ou non, cela ne fait aucune différence. Une chose est certaine : vous êtes en train de résister à ce qui est et de faire du moment présent un ennemi. Vous êtes en voie de créer votre tourment, un conflit entre l’intérieur et l’extérieur. Vous souillez non seulement votre propre être intérieur et celui de vos proches, mais aussi la psyché humaine collective dont vous êtes indissociable. La pollution de la planète n’est qu’un reflet extérieur d’une pollution psychique intérieure, celle de millions d’individus inconscients qui ne prennent pas la responsabilité de leur vie intérieure.

Ou bien vous mettez un terme à tout cela et parlez à la personne concernée en lui faisant ouvertement part de ce que vous ressentez, ou bien vous laissez tomber la négativité que votre mental a créée par rapport à la situation. Cette dernière ne sert à rien d’autre qu’à renforcer un faux sentiment de moi. Il est important d’en reconnaître la futilité. La négativité n’est jamais la meilleure façon de composer avec une situation. En fait, dans la plupart des cas, elle vous emprisonne davantage et empêche tout changement réel. Tout ce qui est fait avec une énergie négative se pare à son tour de cette négativité et se traduit par plus de souffrance et de tourments. En outre, tout état intérieur négatif est contagieux : le malheur se répand plus facilement qu’une maladie physique. Par la loi de la résonance, il déclenche et alimente la négativité qui est latente chez les autres, sauf s’ils en sont à l’abri, c’est-à-dire s’ils ont atteint un niveau de conscience élevé.

Êtes-vous en train de polluer le monde ou de ramasser les pots cassés ? Vous êtes le seul et unique responsable de votre vie intérieure et vous êtes aussi responsable de la planète. Il en va de l’extérieur comme de l’intérieur. Si les humains se débarrassent de leur pollution intérieure, ils cesseront également de polluer le monde.

Comment pouvons-nous laisser tomber la négativité, comme vous le suggérez ?

En la laissant tomber, tout simplement. Comment laissez-vous tomber un morceau de charbon ardent que vous tenez à la main ? Comment laissez-vous tomber un bagage lourd et inutile que vous portez ? En reconnaissant que vous ne voulez plus souffrir ni continuer à porter ce fardeau, puis en l’abandonnant.

L’inconscience profonde, qui est synonyme de corps de souffrance, ou tout autre grand chagrin, comme la perte d’un être cher, doit habituellement être métamorphosée par l’acceptation, grâce à la lumière de votre présence, à votre attention soutenue. Par ailleurs, on peut simplement se débarrasser de nombreux schèmes inconscients ordinaires lorsqu’on sait qu’on n’en veut plus et qu’on n’en a plus besoin, lorsqu’on réalise qu’on a le choix, qu’on est autre chose qu’un paquet de réflexes conditionnés. Tout cela sous-entend qu’on sache accéder au pouvoir de l’instant présent. Sans lui, on n’a aucun choix.

Si vous qualifiez certaines émotions de négatives, ne créez-vous pas une polarité mentale bon-mauvais, comme vous l’avez déjà expliqué ?

Non. La polarité a été créée à un stade antérieur, au moment où votre esprit a jugé que l’instant présent était mauvais. C’est ce jugement qui a alors créé l’émotion négative.

Mais si vous qualifiez certaines émotions de négatives, ne dites-vous pas, en réalité, qu’elles ne devraient pas être là, qu’il n’est pas bien de ressentir ces émotions ? Selon moi, nous devrions nous donner la permission d’avoir tous les sentiments qui montent, plutôt que de les juger comme étant mauvais ou d’affirmer que nous ne devrions pas les avoir. Il n’y a pas de mal à éprouver du ressentiment. À être en colère, irrité, d’humeur sombre, peu importe. Autrement, nous entrons dans la répression, le conflit intérieur ou la dénégation. Tout est bien, tel quel.

Bien entendu. Lorsqu’une forme de pensée, une émotion ou une réaction se présente, acceptez-la. Vous n’étiez pas alors suffisamment conscient pour effectuer un choix délibéré. Ceci n’est pas un jugement, mais un fait. Si vous aviez le choix ou réalisiez que vous l’avez effectivement, quelle option serait la vôtre ? La souffrance ou la joie ? Le bien-être ou le malaise ? La paix ou le conflit ? Retiendriez-vous une pensée ou un sentiment qui vous coupe de votre état naturel de bien-être, de votre joie de vivre intérieure ? Tout sentiment semblable, je le qualifie de négatif, c’est-à-dire de mauvais. Non pas au sens de « Vous n’auriez pas dû faire ça », mais au sens purement factuel, comme un mal d’estomac.

Comment est-il possible que les humains aient tué plus de cent millions de leurs semblables au XXe siècle seulement ?[1]

Le fait que des humains se soient infligé mutuellement une souffrance d’une telle ampleur dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Et c’est sans tenir compte de la violence mentale, émotionnelle et physique, de la torture, de la douleur et de la cruauté qu’ils continuent chaque jour de faire subir à leurs pairs et à d’autres êtres vivants.

Agissent-ils ainsi parce qu’ils sont en contact avec leur état naturel de bien-être ou leur joie de vivre ? Bien sûr que non. Seuls des gens qui se trouvent dans un profond état négatif, qui se sentent vraiment très mal, peuvent créer une telle réalité et ainsi refléter leur état intérieur. Ils sont maintenant affairés à détruire la nature et la planète qui les sustentent. Incroyable mais vrai. Les humains constituent une espèce dangereusement désaxée et très malade. Ceci n’est pas un jugement mais un fait. Autre fait : l’équilibre mental se trouve vraiment là, derrière la folie. La guérison et la rédemption sont à notre disposition à tout instant.

Pour revenir à vos propos, il est certainement vrai que lorsque vous acceptez votre ressentiment, votre humeur sombre, votre colère, etc., vous n’êtes plus obligé de les extérioriser aveuglément. Par conséquent, vous êtes moins susceptible de les projeter sur d’autres. Mais je me demande si vous ne vous faites pas des illusions. Lorsque vous pratiquez l’acceptation depuis un certain temps, vient le moment où vous avez besoin de passer à l’étape suivante, celle où ces émotions négatives ne sont plus générées. Si vous ne le faites pas, votre « acceptation » n’est ni plus ni moins qu’une étiquette mentale permettant à votre ego de continuer à se vautrer dans le tourment et de renforcer ainsi son sentiment de division vis-à-vis des autres, de son milieu de vie, de son ici-maintenant. Comme vous le savez, la division est ce sur quoi repose le sentiment d’identité de l’ego. L’acceptation véritable métamorphoserait ces émotions sur-le-champ. Et si vous saviez vraiment profondément, que tout est « bien », comme vous le dites – ce qui est vrai bien entendu –, connaîtriez-vous alors au départ de telles émotions négatives ? Car s’il n’y avait ni jugement ni résistance envers ce qui est, ces émotions ne verraient pas le jour. Vous avez en tête « tout est bien », mais au fond, vous n’y croyez pas vraiment. Donc, les vieux schèmes de résistance mentale et émotionnelle sont encore là. Voilà pourquoi vous vous sentez mal.

C’est bien, ça aussi.

Êtes-vous en train de défendre votre droit à l’inconscience, à la souffrance ? Ne vous inquiétez pas : personne ne vous l’enlèvera. Si vous réalisez qu’un aliment vous rend malade, allez-vous continuer à en manger en affirmant qu’il est bien d’être malade ?

Où que vous soyez, soyez-y totalement

Pouvez-vous donner d’autres exemples d’inconscience ordinaire ?

Essayez de vous surprendre en train de vous plaindre, par des paroles ou en pensée, d’une situation dans laquelle vous vous trouvez, de ce que les autres font ou disent, de votre cadre de vie, de vos conditions de vie et même du temps qu’il fait. Se lamenter, c’est toujours et encore ne pas accepter ce qui est. Cette attitude comporte invariablement une charge négative inconsciente. Lorsque vous vous plaignez, vous adoptez une attitude de victime. Lorsque vous vous exprimez, vous reprenez votre pouvoir. Alors, changez la situation en passant à l’action ou en vous exprimant, si c’est nécessaire ou possible. Ou encore éliminez la situation de votre vie ou acceptez-la. Tout le reste n’est que folie.

L’inconscience ordinaire est toujours reliée d’une certaine façon au déni du présent. Le présent, bien sûr, implique aussi l’ici. Êtes-vous en train de résister à l’ici-maintenant ? Certaines personnes voudraient toujours être ailleurs. Leur « ici » ne leur suffit jamais. En vous observant, tentez de voir si tel est le cas pour vous. Où que vous soyez, soyez-y totalement. Si vous trouvez votre ici-maintenant intolérable et qu’il vous rend malheureux, trois possibilités s’offrent à vous : vous retirer de la situation, la changer ou l’accepter totalement. Si vous voulez assumer la responsabilité de votre vie, vous devez choisir l’une de ces trois options, et tout de suite. Puis, acceptez-en les conséquences. Sans excuses. Sans négativité. Sans pollution psychique. Gardez votre espace intérieur dégagé.

Si vous passez à l’action, c’est-à-dire que vous vous retirez de la situation ou que vous la changez, commencez si possible par laisser tomber la négativité. L’action qui résulte de la compréhension des besoins est plus efficace que celle qui découle de la négativité.

Souvent, il vaut mieux passer à n’importe quelle action que de ne rien faire, surtout si on est piégé depuis longtemps dans une situation malheureuse. S’il s’agit d’une erreur, vous apprendrez au moins quelque chose et, dans ce cas, ce n’en sera plus une. Si vous restez dans le piège, vous n’apprendrez rien. La peur vous empêche-t-elle de passer à l’action ? Reconnaissez-la, observez-la, accordez-lui votre attention, soyez-lui pleinement présent. Ceci aura pour effet de rompre le lien entre la peur et la pensée. Ne laissez pas la peur vous venir à l’esprit. Utilisez le pouvoir du présent. La peur ne peut l’emporter sur lui.

Si vous ne pouvez vraiment rien faire pour rectifier votre ici-maintenant ou pour vous retirer de la situation, alors acceptez totalement ce qui se passe actuellement en laissant tomber toute résistance intérieure. Le moi faux et tourmenté qui adore se sentir malheureux ou rancunier, ou s’apitoyer sur son sort, ne peut plus survivre. Cela s’appelle lâcher prise, ce qui n’est pas synonyme de faiblesse et recèle au contraire une grande force. Seule une personne qui lâche prise a du pouvoir spirituel. En agissant ainsi, vous serez intérieurement libéré de la situation et la verrez peut-être changer sans aucun effort de votre part. Chose certaine, vous serez libre.

Ou bien y a-t-il quelque chose que vous « devriez » faire mais que vous ne faites pas ? Dans l’affirmative, levez-vous et faites-le tout de suite. Sinon, acceptez complètement votre inactivité, votre paresse ou votre passivité actuelle, si tel est votre choix. Allez-y à fond. Amusez-vous. Soyez aussi paresseux ou inactif que possible. Si vous y allez à fond et consciemment, vous en sortirez bientôt. Ou peut-être pas.

D’une façon ou d’une autre, il n’y aura ni conflit intérieur, ni résistance, ni négativité.

Êtes-vous stressé ? Êtes-vous si pressé d’arriver au futur que le présent n’est plus qu’une étape ? Le stress est provoqué par le fait que l’on soit « ici » tout en voulant être « là », ou que l’on soit dans le présent tout en voulant être dans le futur. C’est une division qui vous déchire intérieurement. Il est malsain de la créer et de vivre avec. Le fait que tout le monde le fasse ne rend pas les choses moins malsaines. Au besoin, vous pouvez vous déplacer rapidement, travailler avec célérité ou même courir, sans vous projeter dans l’avenir ni résister au présent. Lorsque vous vous déplacez, travaillez, courez, faites-le totalement. Appréciez le mouvement et l’intensité de l’énergie à cet instant-là. À présent, vous n’êtes plus stressé, vous n’êtes plus en dichotomie. Vous ne faites que vous déplacer, courir, travailler et apprécier. Ou vous pouvez tout laisser tomber et vous asseoir sur un banc de parc. Mais si vous le faites, observez votre mental. Il vous dira peut-être : « Tu devrais être en train de travailler. Tu perds ton temps. » Observez-le. Souriez-lui.

Le passé retient-il une grande partie de votre attention ? Vous arrive-t-il souvent d’en parler et d’y penser, en bien ou en mal ? S’agit-il des grandes choses que vous avez accomplies, de vos aventures ou de vos expériences ? Ressassez-vous votre passé de victime et les affreuses choses que l’on vous a faites ou que vous avez faites à quelqu’un ? Vos mécanismes mentaux sont-ils en train d’engendrer de la culpabilité, de l’orgueil, du ressentiment, de la colère, du regret ou de l’apitoiement sur vous-même ? Alors, non seulement vous renforcez un faux sentiment de moi, mais vous accélérez également le processus de vieillissement de votre corps en provoquant une accumulation de passé dans votre psyché. Vérifiez cela vous-même en observant autour de vous ceux qui ont une forte tendance à s’accrocher au passé.

Laissez mourir le passé à chaque instant. Vous n’en avez pas besoin. N’y faites référence que lorsque c’est absolument de mise pour le présent. Ressentez le pouvoir de cet instant et la plénitude de l’Être. Sentez votre présence.

Êtes-vous inquiet ? Avez-vous souvent des pensées anticipatoires ? Dans ce cas, vous vous identifiez à votre mental, qui se projette dans une situation future imaginaire et crée de la peur. Il n’y a aucun moyen de faire face à une telle situation, car celle-ci n’existe pas. C’est un ectoplasme mental. Vous pouvez mettre fin à cette folie corrosive qui sape votre santé et votre vie : il vous suffit d’appréhender l’instant présent. Prenez conscience de votre respiration. Sentez le mouvement de l’air qui entre et sort de vos poumons. Ressentez le champ énergétique en vous. Tout ce que vous n’aurez jamais à affronter et à envisager dans la vie réelle, c’est cet instant. Alors que vous ne pouvez le faire dans le cas de projections mentales imaginaires. Demandez-vous quel « problème » vous avez à l’instant, et non celui que vous aurez l’an prochain, demain ou dans cinq minutes. Qu’est-ce qui ne va pas en ce moment ?  Vous pouvez toujours composer avec le présent, mais vous ne pourrez jamais composer avec le futur. Et vous n’avez pas à le faire. La réponse, la force, l’action ou la ressource justes se présenteront lorsque vous en aurez besoin. Ni avant, ni après.

« Un jour, j’y arriverai. » Votre but monopolise-t-il une si grande part de votre attention que vous réduisez l’instant présent à un moyen vous permettant d’atteindre ce but ? Dénue-t-il votre action de toute joie ? Attendez-vous avant de commencer à vivre ? Si vous adoptez un tel scénario mental, peu importe vos réalisations et vos accomplissements, le présent ne sera jamais assez bien. L’avenir semblera toujours meilleur. C’est là la recette parfaite pour concocter une insatisfaction ou un inassouvissement permanent, ne pensez-vous pas ?

Êtes-vous quelqu’un qui attend généralement ? Quel pourcentage de votre vie passez-vous à attendre ? Ce que j’appelle « l’attente à petite échelle », c’est faire la queue au bureau de poste, être pris dans un bouchon de circulation, ou à l’aéroport. Ou encore anticiper l’arrivée de quelqu’un, la fin d’une journée de travail, etc. « L’attente à grande échelle », c’est espérer les prochaines vacances, un meilleur emploi, le succès, l’argent, le prestige, l’illumination. C’est attendre que les enfants grandissent et qu’une personne vraiment importante arrive dans votre vie. Il n’est pas rare que des gens passent leur vie à attendre pour commencer à vivre.

Attendre est un état d’esprit. En résumé, vous voulez l’avenir, mais non le présent. Vous ne voulez pas de ce que vous avez et désirez ce que vous n’avez pas. Avec l’attente, peu importe sa forme, vous suscitez inconsciemment un conflit intérieur entre votre ici-maintenant, où vous ne voulez pas être, et l’avenir projeté que vous convoitez. Cela réduit grandement la qualité de votre vie en vous faisant perdre le présent. Il n’y a rien de mal à essayer d’améliorer vos conditions de vie, et vous pouvez le faire. Par contre, vous ne pouvez améliorer votre vie. La vie passe avant tout. La vie est votre Être intérieur le plus profond. Elle est déjà entière, complète, parfaite. Ce sont les circonstances et vos expériences qui constituent vos conditions de vie. Il n’y a rien de mal à aspirer à certains buts et à vous efforcer de les atteindre. L’erreur, c’est de substituer cette aspiration au sentiment de vivre, à l’Être. Le seul point d’accès à l’Être, c’est le présent. Vous êtes donc comme l’architecte qui ne prête aucune attention aux fondations d’un édifice, mais passe beaucoup de temps sur la superstructure.

Par exemple, bien des gens attendent que la prospérité vienne. Mais celle-ci ne peut arriver dans le futur. Lorsque vous honorez, reconnaissez et acceptez pleinement votre réalité présente et ce que vous avez – c’est-à-dire le lieu où vous êtes, ce que vous êtes et ce que vous faites dans le moment –, vous éprouvez de la reconnaissance pour ce que vous avez, pour ce qui est, pour le fait d’Être. La gratitude envers le moment présent et la plénitude de la vie présente, voilà ce qu’est la vraie prospérité. Celle-ci ne peut survenir dans le futur. Alors, avec le temps, cette prospérité se manifeste pour vous de diverses façons. Si vous êtes insatisfait de ce que vous avez, ou même frustré ou en colère devant un manque actuel, cela peut vous motiver à devenir riche. Mais même avec des millions, vous continuerez à éprouver intérieurement un manque et, en profondeur, l’insatisfaction sera toujours là. Vous avez peut-être vécu de nombreuses expériences passionnantes qui peuvent s’acheter, mais elles sont éphémères et vous laissent toujours un sentiment de vide et le besoin d’une plus grande gratification physique ou psychologique. Vous ne vivez donc pas dans l’Être et, par conséquent, ne sentez pas la plénitude de la vie maintenant, qui est la seule véritable prospérité.

Alors, cessez d’attendre, n’en faites plus un état d’esprit. Lorsque vous vous surprenez à glisser vers cet état d’esprit, secouez-vous. Revenez au moment présent. Contentez-vous d’être et dégustez ce fait d’être. Si vous êtes présent, vous n’avez jamais besoin d’attendre quoi que ce soit. Ainsi donc, la prochaine fois que quelqu’un vous dira : « Désolé de vous faire attendre », vous pourrez répondre : « Ça va. Je n’attendais pas. J’étais tout simplement là, à m’amuser ! »

Voilà seulement quelques-unes des stratégies habituelles qui font partie de l’inconscience ordinaire et que le mental utilise pour nier le moment présent. Elles font tellement partie de la vie normale, du « parasitage de fond » et de l’insatisfaction perpétuelle qu’il est facile de les ignorer. Mais plus on surveille son état mental et émotionnel intérieur, plus il est facile de savoir quand on s’est fait prendre au piège du passé ou du futur. Plus il est facile de se rendre compte qu’on a été inconscient et de sortir du rêve du temps pour revenir au présent. Mais attention : le moi faux, tourmenté et fondé sur l’identification au mental vit du temps. Il sait que le moment présent signe son arrêt de mort et se sent de ce fait très menacé par lui. Il fera tout ce qu’il pourra pour vous en éloigner. Il essaiera de vous maintenir à tout prix dans le temps.

Extrait du Pouvoir du moment présent d’Eckhart Tolle – Chapitre 4 : Les stratégies du mental pour éviter le moment présent

La suite de ce chapitre sera en ligne Lundi prochain. Bonne fin de journée !

 

[1] [R. L. Sivard, World Military and Social Expenditures 1996, 16th Edition (World Priorities, Washington D. C., 1996), p. 7]

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