Je ne sais pas me vendre

Tout le monde me dit, avec désolation, que je ne sais pas me vendre. Tout le monde a raison ! Toutefois, pourquoi devrais-je ME vendre ? À qui ?

J’ai étudié la communication, le marketing, suivi des formations en techniques de vente… Je pourrais appliquer tout cela et réussir à le faire. Je ne le veux pas.

Je n’ai aucune envie d’alimenter cette hystérie collective de la mise en scène de Soi, à coup d’éloges de ma personne et de selfies[1] hyper-retouchés qui prouveraient au monde à quel point ma vie est fabuleuse.

Je ne sais pas me vendre

Concevoir des stratégies pour entretenir l’impression que je vis selon les normes que les autres ont établies pour m’évaluer et essayer d’orienter la façon dont ces mêmes autres me percevront ne m’intéressent absolument pas. Je pèse mes mots…

Je ne céderai, donc, pas au Dieu Marketing et à ses adeptes écervelés qui ont besoin d’être rassurés par des photos de ma tronche apprêtée et par des détails virtuels de mon quotidien pour accorder leur attention aux projets sur lesquels je communique. Je n’obéirai pas à leurs injonctions contradictoires qui me somment d’associer mon image à ce que je fais tout en me signifiant que celle-ci doit être arrangée avant.

Le terme se vendre me pose problème. Suis-je un objet ? Suis-je indispensable au point de devoir communiquer sur ma personne idéalisée plutôt que sur ce que je fais ? Suis-je insuffisante pour devoir recourir à des artifices pour me faire accepter ? Ne puis-je simplement pas être moi ?

Préparer un discours pour approcher l’autre ne me convient pas. Nouer une relation avec préméditation relève du délit contre moi-même. Jouer un rôle pour parvenir à une fin me dépasse. J’y renonce. À l’effort, à la comédie, je préfère la spontanéité et l’authenticité de l’échange.

Certes, cette vision ne convient pas à la majorité qui a une idée précise de la réussite et de la richesse, qui réduit les deux à l’image et à l’argent et qui a troqué le paraître contre le sens. Cette majorité qui vénère le nombrilisme au point de l’ériger en art de vivre et d’en faire des métiers de l’image qui se déclinent en noms cauchemardesques tels que self branding, personal branding ou marketing de soi-même…

Le self-branding, voilà l’ennemi. Comment se vendre soi-même ? L’idée de considérer sa vie comme une œuvre qui doit être promue et likée, parler comme un représentant de notre nombril. C’est la victoire des marchands cyniques sur notre conscience. – Vincent Cespedes

Cette majorité ne m’intéresse pas. Je lui préfère la présence plus humble d’une minorité silencieuse. Au carnet d’adresse, je préfère les relations sincères. Au brouhaha mondain, je préfère la véritable rencontre.

Plus rare, elle se tient à l’écart de l’agitation sociale.

Plus discrète, elle se mérite. Elle se dévoile, souvent par surprise, à celui qui sait la désirer et lui prêter toute son attention.

Plus solide, elle fait fi des conventions et du masque social. Elle accepte les failles et les vulnérabilités.

Plus authentique, elle ne se construit pas sur une fausse image de soi que l’on cherche à vendre. Elle n’a pas d’attentes et n’exige pas des autres qu’ils comblent les vides que l’image vendue s’acharne à cacher.

La relation saine, qu’elle soit professionnelle ou personnelle, ne devrait jamais se nouer sur l’idée que nous sommes incomplets ou sur celle du manque à combler ou à masquer, tel qu’il soit.

Voilà pourquoi j’estime ne pas devoir me vendre. Si ce que je suis ou ce que je fais convient aux autres, l’échange s’établira naturellement. Sinon, cela signifie simplement que nous n’avons rien à cocréer ensemble.

Nous sommes plus de sept milliards d’individus sur Terre. Nous vivons à une époque où les technologies nous permettent d’être reliés au monde entier. Les possibilités de rencontres, d’échanges et de cocréations sont infinies !

Cessons de nous maltraiter pour correspondre à ce que les autres attendent de nous. Soyons nous-même ! Offrons au monde ce que nous sommes et le reste suivra !

 

[1] Un selfie se dit égoportrait en français canadien. Ils ont tout compris, les canadiens  😉

© Photo Pixabay

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