Jade Beall est une photographe américaine, célèbre pour ses photos, non retouchées, de femmes nues. Elle rend hommage à la splendeur naturelle des corps des femmes et des hommes et dénonce les clichés véhiculés par les médias. Ses photos révèlent la beauté qui réside en chacun de nous et nous invitent à nouer une relation bienveillante avec notre corps.
Son projet A Beautiful Body Project, que vous pouvez voir dans la vidéo en bas de cette page, a impacté la vie de milliers de femmes qui ont partagé les récits de leur cheminement afin de renforcer leur estime d’elles-mêmes et d’habiter pleinement leur corps.
Les photos et les livres de Jade Beall incitent les individus à se libérer d’années de souffrances et de manques et d’embrasser leur beauté sacrée en s’acceptant comme ils sont dans la magie de l’instant présent.
«Je suis ici pour être un facilitateur, pour vivre le paradis sur terre. Je suis ici pour soutenir votre rêve éveillé. Je suis ici pour me tenir dans ma beauté authentique et refléter votre splendeur divine. Je suis ici pour être un reflet radieux de la vie. Je suis la vie, tu es la vie. Tout ce que nous sommes et ce que nous avons est divin. Tout ceci est la magie. Tout cela est juste. » -Jade Beall
Dans la série Beautiful Bodies of Elders, Jade a créé « une collection d’images originales qui changent la façon dont nous voyons le corps humain, sans retouches sur Photoshop, sans honte, débordant de la gloire et du privilège d’une longue vie bien vécue. »
Les photos de ce couple, Gerry et Darwin, ont ému beaucoup de monde, en 2016. En six jours elles ont été vues par plus de 3 millions de personnes !
En réponse aux différentes réactions, Gerry a adressé une lettre pleine d’amour, de sagesse et d’espoir, à Jade. La voici !
Chère Jade,
Ces photos de nous sont précieuses et belles et nous les garderons en tête, tout comme cette expérience dans votre studio. (…)
Mais pourquoi tant de gens se disent émus aux larmes en voyant cette photo ?
« Pourrais-je un jour être profondément et sensuellement aimé dans le corps qui est le mien ? ». Voilà une question que trop de gens se posent aujourd’hui. Beaucoup d’adultes et d’enfants sont malheureux avec leur corps – pas au sujet de son fonctionnement, mais de son apparence. BEAUCOUP d’adultes. Plus nous vieillissons, plus nous essayons de nous rapprocher des standards de la beauté photoshopée – et nous essayons de cacher les signes de l’âge – mais POURQUOI ?
(…)
J’ai 75 ans maintenant et j’ai l’intention de vivre encore un quart de siècle sur cette planète. (…) à quel âge devrais-je dire que je suis trop vieille et ridée et flasque pour me sentir belle et aimer, et être aimée? Quand je pousserai mon dernier souffle, voilà !
Je suis très honorée et touchée de lire tant de commentaires qui me rappellent la richesse de mon amour avec Darwin (…) En lisant les commentaires, j’ai senti combien certains mourraient d’envie de ressentir de l’amour pour leur corps.
(…)
Je suis ravie que tant de personnes aient vu dans ces photos de l’espoir pour leur propre vie. C’est la raison pour laquelle nous avons accepté de nous dénuder devant un appareil photo. Nous voulions montrer que les rides et le vieillissement, les parties flasques de nos corps ne sont PAS des barrières à l’amour sauf si vous vous laissez croire que c’est le cas. Comme le bon vin ou le fromage fait, nous sommes entièrement nous-mêmes et plein d’amour à 70 ans que nous ne l’étions à 30 ou 40 ans – ces années étaient plus douloureuses (…).
J’ai moi-même vécu des années sans espoir. Je n’imaginais pas qu’un jour je puisse être heureuse ou vivre un amour pareil. Et cela provient en partie de la honte que j’éprouvais vis-à-vis de mon corps. Tu peux te focaliser sur l’amour (…) que tu donnes plutôt que de rechercher l’amour des autres pour évacuer cette honte de toi-même.
Vous savez bien sûr que j’ai été profondément dépressive (…) pendant de longues années. (…) j’ai fait beaucoup d’erreurs. (…) j’ai pensé que j’étais laide et j’ai cru que je n’étais pas aimable. Rien de tout cela n’était vrai.
Mais j’ai cherché l’amour désespérément – excepté en moi – parce que c’était l’endroit que je haïssais.
Après une hospitalisation, des médicaments et un éveil spirituel, j’ai commencé à guérir de ma dépression, quelques années avant de rencontrer Darwin.
Je me souviendrais toujours de ces premiers jours à l’hôpital, dans un groupe de parole où ils ont joué cette chanson « Comment pourrait-on te dire que tu es autre chose que belle ». J’ai éclaté en sanglots… parce que là se trouvait ma porte de sortie – je ne pouvais jamais être heureuse si je me voyais laide, bizarre et non aimable (…). Je fus encouragée à nommer quelque chose que j’aimais chez moi, j’ai commencé par mon vernis rouge sur mes orteils. Chaque jour, je devais ajouter un détail que j’aimais chez moi et c’était très difficile. Pour chaque trouvaille positive, j’ai créé une tonne de « mais » pour la nier. Cela m’a pris des années pour développer de l’auto-compassion, de l’auto-pardon, de l’auto-amour et de la confiance en moi.
Le pire, c’est que je n’étais pas aussi laide que je l’imaginais à l’époque, quand je regarde les photos maintenant. C’est tellement étrange que je puisse regarder les photos de ce corps de 75 ans avec de la distance et sentir qu’il va bien physiquement, qu’il est en bonne santé et qu’il a fière allure avec l’homme qu’il aime. (…)
Jade, merci de nous avoir permis de faire partie de ce mouvement qui apprend à chacun qu’il peut adorer avoir ces corps qui nous ont été donnés dans la joie, l’amour, le travail, le jeu, la naissance, la sensualité, le mouvement, la créativité et toute la beauté que la vie nous offre. (…)
Avec amour, toujours.
Gerry
Lettre publiée sur Huffingpost.
Retrouvez Jade Beall sur son site, Instagram, Facebook et Tumblr.
J’ai adoré ce sujet. Et les photos et le clip