Vous vous sentez parfois en décalage ? Incompris ? Dans des pensées qui vous emmènent parfois bien loin de l’endroit de départ ? Vous pensez trop… et vous en souffrez. La chronique de Julie Arcoulin, spécialiste en développement personnel et relationnel, qui a lu pour vous un livre bien utile.
Vous a-t-on déjà dit des phrases du genre : « Tu es trop sensible », « Tu prends tout beaucoup trop à cœur », « Tu penses trop », « Tu ne te reposes jamais ? »,… Personnellement, vous avez l’impression que votre cerveau ne s’arrête jamais ? Qu’une idée en entraîne une autre, et puis une autre, et puis encore une autre ? Vous trouvez des solutions en moins de temps qu’il n’en faut pour exposer le problème ? Alors le livre dont j’ai choisi de vous parler cette semaine risque de vous intéresser. Il s’agit de « Je pense trop » de Christel Petitcollin, aux éditions Guy Trédaniel.
Qu’est-ce que « penser trop » ?
En fait, il ne s’agit pas que de penser. Tout est dans le « trop ». Trop d’émotions, trop de pensées, trop de questions, trop de sensibilité, trop d’énergie, trop d’activités. On ne vous arrête jamais, même la nuit. Quand vous vous mettez à faire quelque chose, des recherches sur Google par exemple, vous êtes entraîné par 1000 autres choses et vous ne savez parfois plus ce que vous cherchiez au départ.
Quand vous vous rendez quelque part, vous percevez tous les détails : un livre qui a bougé d’une fois à l’autre, la couleur de la doublure du rideau, la faute d’orthographe sur la publication Facebook, la moindre mauvaise odeur vous arrive aux narines à la vitesse grand V, un bruit (même minime) vous agace et vous empêche de vous concentrer. Vos 5 sens sont hypersensibles et hyper-développés. Bref, vous percevez bien plus de détails, même les plus infimes, que la plupart des gens. Sauf que vous pensez que tout le monde est comme vous.
En fait, cela s’appelle la sur-efficience mentale et, non, tout le monde ne pense pas comme ça. Il ne s’agit pas de hiérarchiser les façons de penser, ni de prétendre que les uns sont plus intelligents que les autres. Il s’agit d’un mode de fonctionnement différent, tout simplement.
Une histoire de cerveau ?
Christel Petitcollin, dans son livre « Je pense trop », nous explique qu’il s’agit, en fait, d’une prédominance de l’hémisphère droit. Je cite : « Oui, vous êtes différent. Votre cerveau est supervisé par l’hémisphère droit. Votre pensée est globale, affective, intuitive et fulgurante. D’autres pensent de manière séquentielle, rationnelle et circonscrite. Ce sont bien deux mondes, deux façons de penser, donc deux mentalités qui cohabitent en croyant être semblables, tout en reprochant à l’autre ses dysfonctionnements. »
Biologiquement, notre cerveau est composé de deux hémisphères séparés ne communiquant entre eux qu’à travers le corps calleux. Le cerveau gauche est analytique, verbal, méthodique et numérique. Il analyse, décrit, définit. Le cerveau droit privilégie l’information sensorielle, l’intuition et l’instinct. Si vous fonctionnez avec votre cerveau droit, vous êtes du genre à dire « je sais, je sens, mais je ne sais pas expliquer pourquoi ». La pensée du cerveau droit est arborescente et foisonnante.
En fonction de l’hémisphère qui domine, les informations sont traitées différemment et s’intéressent à des choses différentes. De gauche ou de droite, vous pensez autrement et avez des personnalités différentes. La majorité des cerveaux (70 à 85%) ont une dominance de l’hémisphère gauche. Les autres, sur-efficients, (15 à 30%), ont une prépondérance de l’hémisphère droit.
Les différences de fonctionnement sont suffisamment importantes pour, parfois, avoir l’impression que l’on vient de planètes différentes. Si nous croyons que nous fonctionnons tous de la même façon, cela sous-entend que nous pensons que l’autre va nous comprendre sans problème. Erreur. Et cela crée pas mal de tensions relationnelles qui pourraient être évitées et/ou atténuées si l’on prenait ces différences en compte.
Un mode de fonctionnement différent
Comme je vous le disais un peu plus haut, c’est une question de fonctionnement. Quand certains sont encore en train d’essayer de comprendre le problème, d’autres ont déjà trouvé plusieurs solutions. C’est votre dominance de l’hémisphère droit qui vous permet de réagir, réfléchir aussi vite.
Les sur-efficients sont sensibles, tactiles, chaleureux, ils pensent vivre dans « le monde des Bisounours » en quelque sorte et le réveil, quand il a lieu, est souvent assez douloureux. Ce qui, soit dit en passant, les rend extrêmement manipulables. Ils adorent la complexité, se posent 1001 questions à la seconde et ces 1001 questions en font naître 2002 autres. Leur niveau d’exigence est très élevé, surtout envers eux-mêmes.
Les autres, les cerveaux gauches, ont un mode de fonctionnement qui peut être plus carré, voire rigide, ils se font moins embarquer par leurs pensées et traitent une chose à la fois. Cela leur donne une capacité de concentration plus élevée, les cerveaux droits ayant les 5 sens en alerte, le moindre détail les distraira. Ils sont moins sensibles aux intonations de voix, aux expressions, au non verbal. On leur reproche moins souvent d’être trop susceptible ou trop sensible.
Comment se comprendre malgré nos différences ?
Les sur-efficients ont tendance à penser que tout le monde pense comme eux et qu’ils n’ont rien de spécial, ni de différent. C’est de là que viennent souvent les problèmes de communication entre les uns et les autres. Si c’est votre cerveau droit qui gère vos pensées, pensez à ralentir le rythme lorsque vous parlez à d’autres personnes. Ils ont un mode de fonctionnement différent, donc pour vous faire bien comprendre, il faut canaliser le pur sang qui galope dans votre cerveau.
Si vous vous reconnaissez plutôt en tant que cerveau gauche, la prochaine fois que vous serez face à quelqu’un qui vous semble bizarre, qui parle vite, qui est trop sensible ou que vous estimez trop susceptible, pensez au fait que c’est son mode de fonctionnement et non un trait de personnalité que l’on peut qualifier de « bizarre ».
Si les cerveaux droits et les cerveaux gauches prennent leurs différences en compte et tentent la bienveillance l’un envers l’autre, cela ne devrait pas être trop difficile de cohabiter.